Assimi Goïta jusqu’en 2030 sans élection ?

Une transition sans fin qui inquiète la région
Par timite – Sopaiya Magazine
🔎 Un projet de loi controversé
Le Conseil des ministres du Mali a récemment adopté un projet de loi sur la prolongation de la transition. Selon ce texte, le général Assimi Goïta, chef de la junte au pouvoir depuis le coup d’État d’août 2020, pourrait rester à la tête de l’État jusqu’en 2030, sans passer par les urnes. Une annonce qui suscite l’inquiétude croissante au sein de la communauté internationale et des acteurs démocratiques africains.
Cette décision intervient alors que les engagements précédents, pris à la fois vis-à-vis de la CEDEAO et du peuple malien, promettaient le retour à l’ordre constitutionnel par des élections présidentielles prévues initialement en février 2024.
🧠 Contexte : une transition militaire qui s’éternise
Assimi Goïta, colonel au moment du putsch, est devenu président de la transition après avoir écarté deux gouvernements civils successifs, d’abord en 2020, puis en 2021. Le régime militaire s’est justifié à plusieurs reprises par la nécessité de restaurer la sécurité, notamment face à l’expansion djihadiste dans le nord et le centre du pays.
Depuis, le Mali a rompu ses liens militaires avec la France, s’est rapproché de la Russie, et a opté pour une refondation profonde de l’État, souvent décrite par ses détracteurs comme un habillage idéologique du pouvoir personnel.
🛑 Une présidence sans mandat électif ?
Le projet de loi récemment adopté crée une situation constitutionnelle ambiguë. Officiellement, il prolonge la transition “en raison de circonstances exceptionnelles liées à la sécurité nationale”. Mais en réalité, il ouvre la voie à un maintien indéfini au pouvoir d’Assimi Goïta, sans que celui-ci ne passe par le verdict populaire.
Ce glissement soulève des inquiétudes sur l’état de la démocratie au Mali, et plus largement dans la région sahélienne, déjà fragilisée par une vague de coups d’État au Burkina Faso, au Niger et au Tchad.
Réactions internationales et régionales
Du côté de la CEDEAO, cette évolution est perçue comme une trahison des engagements. L’organisation sous-régionale avait levé les sanctions contre le Mali en 2022, après que Bamako ait accepté un calendrier de transition. Cette prolongation sans nouvelles élections pourrait réactiver les tensions diplomatiques et provoquer de nouvelles mesures punitives.
Les États-Unis, l’Union africaine et l’Union européenne ont également exprimé leur préoccupation face à l’autoritarisme croissant dans plusieurs pays de l’AES (Alliance des États du Sahel).
🗣️ Et le peuple malien ?
Si une partie de la population soutient encore Assimi Goïta pour ses positions souverainistes et son discours anti-impérialiste, de plus en plus de voix s’élèvent contre l’absence de perspectives électorales claires. Des militants de la société civile, des journalistes, mais aussi certains anciens partisans du régime dénoncent l’accaparement du pouvoir.
Dans un pays où la liberté d’expression est de plus en plus restreinte, la parole citoyenne se fait rare, mais pas silencieuse.
🧭 Conclusion : vers une présidence à vie déguisée ?
Le projet de loi malien marque un tournant : celui d’une transition qui pourrait ne jamais se terminer. Derrière les discours sécuritaires et les promesses de refondation, se cache peut-être la tentation d’un pouvoir illimité, dans un pays où la démocratie semblait, il y a peu encore, à portée de main.
Assimi Goïta, comme ses homologues du Burkina Faso et du Niger, est aujourd’hui le visage d’un Sahel qui rompt avec les normes démocratiques classiques, au risque d’isoler davantage son pays.
📌 Sopaiya Magazine continuera de suivre cette situation de près, car l’avenir du Mali ne concerne pas que les Maliens : il engage toute l’Afrique de l’Ouest.