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Côte d’Ivoire : Et si le peuple apprenait enfin des leaders qu’il critique tant ?

Dans les grandes salles feutrées du pouvoir, dans les salons d’aéroport, dans les coulisses des sommets ou à l’ombre des grandes rencontres politiques, nos leaders ivoiriens se croisent, se parlent, se serrent la main, se sourient.
Il y a parfois des éclats de rire, des accolades chaleureuses, des mots simples comme :
« Mon frère, ça fait longtemps »,
« On va se voir »,
ou même :
« On va trouver une solution ».

On les a vus. On les voit encore.
Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara s’asseoir côte à côte, discuter sans animosité.
Henri Konan Bédié, paix à son âme, saluant avec respect ceux qu’il a autrefois combattus dans les urnes.
Tidjane Thiam et Charles Blé Goudé, échanger avec élégance dans un climat d’apaisement.
Simone Gbagbo dialoguant avec des adversaires politiques.
Des photos circulent, des sourires figés dans le temps. Et chaque fois, une leçon silencieuse nous est envoyée :

« Même quand nous ne pensons pas pareil, nous pouvons rester frères. »

Mais alors… que fait le peuple ?

Pendant que les grands se réconcilient dans la discrétion, le peuple s’insulte avec rage sur les réseaux sociaux.
Des familles se divisent, des amitiés se brisent, des jeunes s’entre-déchirent dans les quartiers pour des hommes politiques qui, eux, ne se détestent pas autant que le peuple le croit.

Sur Facebook, sur X, dans les maquis, dans les discussions de rue, les mots deviennent des armes. On traite l’autre de traître, de mouton, de haineux, de vendu.
On oublie que nous partageons la même terre, la même histoire, la même douleur collective des années de crise.
On oublie que si demain la guerre recommence, ce ne sont pas ceux qui sont en haut qui iront au front.
Ce ne sont pas eux qui verront leur maison brûler.
Ce ne sont pas leurs enfants qui dormiront à la belle étoile, fuyant des tirs de kalachnikov dans la nuit.

Ce sera nous. Encore nous. Toujours nous.

Alors pourquoi cette folie ? Pourquoi ce mépris entre citoyens ? Pourquoi cet acharnement verbal, cette violence gratuite, cette capacité à souhaiter le chaos… pour une simple divergence politique ?

Il est temps de dire la vérité.
Nos politiciens ne sont pas des anges. Ils ont leurs responsabilités dans l’histoire tourmentée de notre pays. Mais le peuple aussi doit grandir.
Le peuple doit apprendre à penser par lui-même. À défendre ses idées sans haïr l’autre.
À aimer son pays plus que son parti.
À choisir la paix, même quand le débat devient passionné.

Car la paix, ce n’est pas l’absence de conflit.
La paix, c’est la capacité à rester debout ensemble, malgré nos différences.

Ce pays ne mérite pas de sombrer encore.
La Côte d’Ivoire a souffert. Elle a enterré des fils, des mères, des pères, des innocents. Elle porte encore les cicatrices visibles et invisibles des crises passées.

Mais aujourd’hui, la paix est encore entre nos mains.

Elle est dans nos choix, dans nos mots, dans nos attitudes, dans nos publications, dans nos conversations.
Elle est dans notre capacité à aimer plus fort que nos colères.
À construire ensemble, au lieu de détruire par vengeance ou frustration.

Et si nous étions enfin dignes de ce pays qui nous a tant donné ?
Et si, pour une fois, nous étions plus sages que les divisions ?
Et si nous nous inspirions de ceux que nous accusons souvent, mais qui, paradoxalement, ont compris que l’adversaire politique n’est pas un ennemi à abattre, mais un frère à convaincre ?

Oui, débattons. Oui, exigeons. Oui, critiquons. Mais aimons-nous aussi.

Car sans amour, il n’y aura pas de paix.
Et sans paix, il n’y aura ni développement, ni justice, ni avenir.

Alors, prions pour la Côte d’Ivoire.
Et surtout, aimons-la avec maturité.

✍🏽 Timité Lassana – pour Sopaiya Magazine

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