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Blanchiment d’argent et financement du terrorisme : l’Union européenne place la Côte d’Ivoire sur liste noire, un signal d’alerte pour Abidjan

Par Timité Lassana – Sopaiya Magazine

Bruxelles, le 10 juin 2025 – Dans un communiqué officiel très attendu (réf. IP/25/1378), la Commission européenne a publié une nouvelle liste des pays dits « à haut risque » en matière de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme (LCB/FT). À la surprise générale, la Côte d’Ivoire figure désormais sur cette liste noire, aux côtés de six autres pays, dont le Liban, le Kenya et l’Algérie.

Cette décision suscite une vive émotion au sein de la société civile ivoirienne, de la classe politique et du secteur bancaire. Faut-il y voir une sanction politique ? Une mise en garde technique ? Ou un signal de réforme nécessaire ? Sopaiya Magazine décrypte pour vous les véritables enjeux de cette décision européenne.

🧾 Ce que dit officiellement l’Union européenne

Le communiqué européen indique que les pays listés présentent des déficiences stratégiques dans leurs dispositifs de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme. Concrètement, cela signifie que l’Union européenne estime que la Côte d’Ivoire ne respecte pas totalement les standards internationaux en matière de :

transparence des bénéficiaires effectifs,

supervision des institutions financières,

contrôle des transactions transfrontalières,

coopération judiciaire et policière.

La Commission européenne s’est appuyée sur des données du Groupe d’action financière (GAFI), mais aussi sur ses propres évaluations, incluant des visites de terrain, des rapports confidentiels et des échanges bilatéraux.

📍 Les pays ajoutés et retirés de la liste

🔴 Pays ajoutés à la liste noire :

Côte d’Ivoire

Algérie

Angola

Kenya

Laos

Liban

Monaco

Népal

Namibie

Venezuela

Ces États devront désormais faire l’objet d’une vigilance accrue de la part des banques et institutions financières de l’Union européenne, avec des contrôles renforcés pour toute opération impliquant l’un d’eux.

🟢 Pays retirés de la liste :

Sénégal

Émirats arabes unis

Panama

Philippines

Gibraltar

Barbade

Jamaïque

Ouganda

Ces retraits reconnaissent les efforts significatifs déployés par ces pays pour renforcer leurs dispositifs LCB/FT.

🇨🇮 Pourquoi la Côte d’Ivoire est-elle concernée ?

Selon les experts de la Commission, la Côte d’Ivoire souffre encore de carences dans l’identification des flux financiers suspects, en particulier dans les domaines suivants :

les activités informelles non surveillées,

l’usage de cash dans l’immobilier et les marchés publics,

l’inefficacité du suivi judiciaire des crimes financiers,

le manque de contrôle sur certaines ONG ou institutions religieuses.

Malgré la mise en place de la CENTIF (Cellule nationale de traitement des informations financières) et l’adhésion aux normes du GAFI, la progression des réformes serait jugée insuffisante.

💼 Quelles conséquences pour la Côte d’Ivoire ?

L’ajout à la liste noire de l’Union européenne n’est pas qu’un acte symbolique. Il entraîne des conséquences concrètes :

Les transferts de fonds depuis ou vers la Côte d’Ivoire seront soumis à des contrôles rigoureux.

Les investisseurs européens pourraient être dissuadés de conclure des partenariats ou d’ouvrir des comptes bancaires.

L’image du pays en matière de bonne gouvernance financière est ternie à l’international.

Cela pourrait également compliquer l’accès aux financements internationaux, notamment auprès de certaines institutions comme la Banque européenne d’investissement ou les agences de notation.

🗣️ Que dit le gouvernement ivoirien ?

Pour l’heure, les autorités ivoiriennes n’ont pas encore officiellement réagi à cette inscription. Toutefois, selon des sources proches du ministère de l’Économie et des Finances, une note de contestation est en préparation, accompagnée d’un plan d’action d’urgence visant à :

améliorer la traçabilité des opérations financières,

renforcer les contrôles anti-blanchiment dans les banques,

intensifier la coopération avec les autorités européennes.

Un dialogue technique serait en cours entre Bruxelles et Abidjan pour envisager une sortie rapide de la liste, sous condition de preuves concrètes d’amélioration.

Une décision technique ou politique ?

L’inscription de la Côte d’Ivoire a également relancé un débat sur la neutralité des critères européens. Plusieurs voix sur le continent africain dénoncent un manque de transparence et une certaine sélectivité politique dans le choix des pays listés. En effet, certaines grandes puissances, pourtant régulièrement épinglées par des ONG internationales pour leurs failles en matière de blanchiment, n’ont jamais figuré sur ces listes.

Mais au-delà de la polémique, ce classement rappelle à tous les pays que la lutte contre la criminalité financière est devenue une exigence incontournable de la gouvernance internationale.

✅ En résumé

La Côte d’Ivoire figure désormais sur la liste noire de l’Union européenne en matière de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme.

Cette décision implique des restrictions pour les opérations financières avec l’UE.

Un plan de réponse ivoirien est attendu, avec des réformes concrètes à venir.

Ce classement pose la question de l’équilibre entre transparence technique et géopolitique.

📌 Pour lire le communiqué officiel de la Commission européenne (IP/25/1378), cliquez ici :
➡️ Lien direct vers le document (PDF)

🖊️ Par Timité Lassana
Journaliste – Sopaiya Magazine

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