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Cameroun : À 92 ans, Paul Biya se lance dans la course présidentielle de 2025

Par Timité Lassana – Sopaiya Magazine

C’est désormais officiel. À quelques mois d’une élection présidentielle qui s’annonce comme l’une des plus cruciales de l’histoire politique du Cameroun, Paul Biya, président de la République depuis 1982, a été désigné candidat de son parti, le RDPC (Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais), pour briguer un huitième mandat. Une annonce qui confirme les rumeurs persistantes, mais qui divise profondément l’opinion nationale et international

Une annonce attendue mais controversée

L’annonce de cette candidature a été portée par Cavayé Yéguié Djibril, président de l’Assemblée nationale, lors d’un congrès extraordinaire du RDPC tenu en juin 2025 à Yaoundé. Malgré son âge avancé (92 ans), Paul Biya semble déterminé à rester aux commandes d’un pays dont il tient les rênes depuis plus de quatre décennies.

Cette décision n’est pas une surprise pour les observateurs de la vie politique camerounaise. Toutefois, elle arrive dans un contexte de remous internes au sein de la majorité présidentielle et de vives contestations dans l’opinion publique.

Une fronde inédite au sein du pouvoir

Fait inédit : deux poids lourds de l’establishment gouvernemental ont officiellement rompu avec la ligne présidentielle pour annoncer leur propre candidature à la magistrature suprême.

Issa Tchiroma Bakary, ancien ministre de la Communication, a claqué la porte du gouvernement début juin, dénonçant « le refus de laisser émerger une nouvelle génération politique ». Il a lancé dans la foulée sa propre plateforme électorale.

Bello Bouba Maïgari, ministre du Tourisme et figure historique de la vie politique camerounaise, a également démissionné pour se présenter, promettant « un renouveau démocratique » et « la fin du règne des héritiers ».

Ces dissidences mettent en lumière des tensions profondes au sein du régime et signalent une fracture entre les tenants d’un changement générationnel et ceux qui souhaitent maintenir le statu quo.

Une opposition en quête d’unité

Du côté de l’opposition, plusieurs candidatures se profilent également : Maurice Kamto, leader du MRC, reste une figure incontournable malgré les obstacles judiciaires et administratifs auxquels son parti fait face. Cabral Libii, jeune député et président du PCRN, a confirmé lui aussi son intention de se présenter.

Mais l’opposition camerounaise souffre encore d’un mal structurel : le manque d’unité. Faute d’un candidat commun ou d’une stratégie concertée, elle pourrait laisser une fois de plus le champ libre au RDPC, fort d’un appareil électoral bien huilé et d’un contrôle presque total des institutions.

Un scrutin sous haute tension

Prévue pour octobre 2025, l’élection présidentielle camerounaise s’annonce sous haute surveillance. L’organisme en charge de l’organisation du scrutin, Elections Cameroon (ElecAM), est déjà accusé de partialité, notamment sur la révision des listes électorales et la délivrance des cartes d’électeur.

Sur le plan international, l’Union africaine, l’Union européenne et plusieurs ONG ont exprimé leur préoccupation quant à la transparence du processus électoral. Des observateurs internationaux sont attendus, mais le contexte sécuritaire, notamment dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, pourrait compliquer la tenue d’un vote libre et équitable.

Paul Biya, entre longévité et critiques

Arrivé au pouvoir en novembre 1982, Paul Biya est aujourd’hui le plus vieux chef d’État en exercice au monde. Son long règne est marqué par une stabilité relative, mais aussi par une gouvernance autoritaire, des atteintes aux libertés, la corruption et une économie inégalement redistribuée.

Pour ses partisans, il incarne la stabilité et la continuité. Pour ses opposants, il symbolise l’immobilisme et le refus d’une véritable alternance. Sa candidature de 2025 est perçue par beaucoup comme un ultime défi au changement démocratique.

Conclusion

La candidature de Paul Biya à la présidentielle d’octobre 2025 rebat les cartes d’une scène politique camerounaise en mutation. Tandis que certains se résignent, d’autres espèrent qu’enfin, après plus de 40 ans, le vent du changement soufflera sur Yaoundé.

Mais la vraie question reste : les Camerounais auront-ils les moyens et la liberté de faire un choix véritablement démocratique dans les urnes ? La réponse viendra dans les mois à venir.

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