Condamnation de Koné Kamaraté “Soul to Soul” : entre justice et stratégie politique ?

📍 Abidjan, juin 2025
Le verdict est tombé. Koné Kamaraté Souleymane, plus connu sous le nom de Soul to Soul, vice-président du mouvement Générations et Peuples Solidaires (GPS) fondé par Guillaume Soro, a été condamné à 5 ans de prison, sans mandat de dépôt, assortis de 5 millions de FCFA d’amende et de 5 ans de privation de ses droits civiques et politiques.
Un jugement lourd de conséquences, dans un contexte électoral sensible, où cette décision judiciaire soulève des interrogations bien au-delà du strict cadre juridique.
📂 Le dossier : une affaire de recel aux contours politiques
L’affaire concerne la résidence de Guillaume Soro, située à Marcory Résidentiel, un bien immobilier acquis à l’époque où Soro était Premier ministre sous la présidence de Laurent Gbagbo. Le bien, selon plusieurs sources, avait été « offert » par l’État à travers un processus apparemment régulier.
Cependant, l’État ivoirien, par le biais du parquet, a ouvert un dossier pour recel de biens publics, dans lequel Soul to Soul s’est retrouvé au centre de l’instruction.
Après 17 convocations au tribunal, le vice-président du GPS a été reconnu coupable, bien que le lien direct entre lui et la transaction immobilière n’ait jamais été clairement établi par la procédure, selon plusieurs observateurs.
🧾 Des zones d’ombre dans l’instruction ?
Le procès a mis en lumière plusieurs incohérences et absences notables de témoins clés :
Marcel Amon-Tanoh, alors ministre de la Construction et dont l’épouse est impliquée dans la société immobilière ayant mené la transaction, n’a jamais été convoqué.
Le notaire chargé de la vente, âgé aujourd’hui de 90 ans, a déclaré lors de l’audience de mai 2025 que les paiements ont été effectués par chèque et par l’intermédiaire d’une société privée, excluant de fait l’intervention de Soul to Soul dans la transaction.
Malgré ces éléments, la condamnation a été prononcée, suscitant des réactions indignées au sein du GPS et de plusieurs organisations de défense des droits civiques.
🗳️ Un jugement aux allures d’exclusion électorale
Au-delà du plan judiciaire, le verdict semble porter un impact politique lourd. La privation de droits civiques et politiques pendant 5 ans empêche Soul to Soul de figurer sur les listes électorales, en pleine préparation pour la présidentielle d’octobre 2025.
De nombreux partisans et analystes y voient un calcul politique visant à écarter un acteur influent de l’opposition, alors même que le GPS gagne en popularité dans plusieurs régions du pays, notamment dans le nord et l’ouest.
Des voix s’élèvent pour dénoncer un procès à visée politique, certains évoquant un risque de scénario “Sonko-Diomaye” à l’ivoirienne, en référence à la situation au Sénégal où un leader politique exclu du scrutin a fini par porter son poulain au sommet de l’État.
🗣️ Réactions et mobilisation
Du côté de la mouvance Soroïste, la réaction ne s’est pas fait attendre. Le GPS dénonce un “procès bâclé, partial et purement politique”. Sur les réseaux sociaux, les hashtags #JusticeSélective et #SoulToSoul sont en tendance, témoignant d’une mobilisation citoyenne naissante autour du cas Kamaraté.
📌 Que retenir ?
Ce procès illustre une fois encore les tensions entre justice et politique en Côte d’Ivoire, à l’approche d’échéances électorales cruciales. La question qui reste posée est la suivante : la justice ivoirienne agit-elle en toute indépendance, ou devient-elle un instrument d’exclusion politique ?
Dans un contexte où la paix sociale reste fragile et où la crédibilité du processus démocratique est en jeu, cette condamnation pourrait bien raviver les clivages et attiser la défiance envers les institutions.