Côte d’Ivoire : Tidjane Thiam met en garde contre un quatrième mandat de Ouattara

Par Timité Lassana – Sopaiya Magazine
Le climat politique ivoirien se tend à mesure que 2025 approche. Et c’est dans ce contexte brûlant que Tidjane Thiam, président du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA), a pris la parole de manière ferme et mesurée sur la question d’un éventuel quatrième mandat du président Alassane Ouattara.
À travers une déclaration claire et sans équivoque, l’ancien ministre et ancien patron du Crédit Suisse a exprimé ses réserves constitutionnelles et ses inquiétudes pour l’unité nationale.
📣 Une déclaration tranchante, mais appelant à l’ouverture
« Si M. Ouattara est candidat pour un quatrième mandat que nous, nous considérons non constitutionnel, qu’il ouvre large les portes et qu’il laisse tout le monde se présenter. »
Par cette phrase, Tidjane Thiam remet sur la table une question fondamentale : l’égalité des chances dans la compétition politique. S’il s’avère que le président sortant brigue un nouveau mandat malgré les limites perçues de la Constitution, alors le jeu démocratique devrait être totalement ouvert, sans filtres ni exclusions arbitraires.
Le président du PDCI insiste par ailleurs sur les effets néfastes des précédentes décisions politiques :
« Je suis contre tous ceux qui divisent. Le troisième mandat a divisé la nation, le quatrième divise encore. Ce dont la Côte d’Ivoire a besoin, c’est d’unité.”
📜 Un quatrième mandat en débat
Pour mémoire, le président Alassane Ouattara, élu pour la première fois en 2010, a été reconduit en 2015, puis à nouveau en 2020. Ce troisième mandat, rendu possible selon le pouvoir en place par la nouvelle Constitution de 2016, a toutefois été contesté par une partie de la classe politique, notamment le PDCI-RDA et le FPI tendance Gbagbo.
La perspective d’un quatrième mandat en 2025, bien que jamais officiellement confirmée par le chef de l’État, a été récemment évoquée par des cadres du RHDP, et surtout laissée ouverte par le discours d’Alassane Ouattara lors du congrès du parti le 22 juin 2025, où il a affirmé qu’il “ne désertera pas” si son camp l’appelle.
⚖️ Une position constitutionnelle ou politique ?
Le débat sur la légalité d’un quatrième mandat est donc relancé. Pour le PDCI-RDA, il s’agit d’une transgression des limites constitutionnelles. Pour le RHDP, au contraire, la Constitution actuelle n’interdit pas une nouvelle candidature du président.
Dans cette confrontation d’interprétations, Tidjane Thiam adopte une posture à la fois juridique et démocratique : au lieu d’un refus pur et dur, il évoque une exigence de cohérence républicaine. Si le président sortant brigue un autre mandat, alors plus aucune exclusion ne devrait être justifiée, et toutes les candidatures devraient être librement acceptées, y compris celles d’acteurs politiques actuellement écartés ou menacés.
🕊️ Un message d’unité dans un climat polarisé
L’élément central du discours de Thiam n’est pas uniquement juridique ou électoral. Il se veut avant tout un plaidoyer pour la paix et l’unité nationale.
« Ce dont la Côte d’Ivoire a besoin, c’est d’unité. »
Un rappel fort, dans un pays encore marqué par les conséquences post-électorales de 2010, par les tensions de 2020, et par une polarisation toujours vive entre les principaux courants politiques.
La déclaration de Tidjane Thiam s’inscrit donc dans une volonté de réconciliation nationale, mais aussi de fermeté sur les principes démocratiques, notamment le respect de la parole constitutionnelle et des règles du jeu.
🧭 Un front commun en gestation ?
Cette prise de position pourrait renforcer les liens entre le PDCI et le PPA-CI de Laurent Gbagbo, avec qui des discussions de rapprochement sont déjà en cours depuis plusieurs mois. Les deux formations politiques, historiquement opposées, semblent désormais déterminées à faire front contre ce qu’elles perçoivent comme une dérive du pouvoir actuel.
Si un « bloc d’alternance » venait à se former autour du refus d’un quatrième mandat, cela pourrait profondément reconfigurer l’échiquier politique ivoirien.
📌 Une parole qui engage
En s’exprimant publiquement sur cette question sensible, Tidjane Thiam confirme son ancrage dans le débat national, lui qui a longtemps été perçu comme distant ou technocrate. Son positionnement s’affirme : ferme sur les principes, modéré sur le ton, rassembleur dans la vision.
L’enjeu de 2025, plus que la simple compétition électorale, sera peut-être celui de la maturité démocratique d’une nation, face à la tentation de la personnalisation du pouvoir.
📍 Rédigé par : Timité Lassana
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