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Côte d’Ivoire : Une chaîne de télévision avertie pour une interview fictive de Houphouët-Boigny générée par intelligence artificielle

Par Timité Lassana | Sopaiya Magazine

🎥 Une interview fictive… mais troublante

En Côte d’Ivoire, une émission télévisée a récemment provoqué un tollé dans l’opinion publique et au sein des autorités de régulation. Une chaîne de télévision locale a diffusé une interview entièrement générée par intelligence artificielle, dans laquelle apparaissait Félix Houphouët-Boigny, le père fondateur de la nation ivoirienne, décédé en 1993. L’ancien président y « répondait » à des questions d’actualité politique dans un format qui imitait parfaitement sa voix, son image et son style de langage.

Ce contenu, qui s’apparentait à une expérience technologique audacieuse, a toutefois franchi une ligne rouge selon la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle (HACA), qui a publiquement réagi.

📜 La HACA tape du poing sur la table

Dans un communiqué publié le 13 juin 2025, la HACA a annoncé avoir adressé un avertissement formel à la chaîne de télévision concernée, en soulignant la gravité de cette initiative :

🔴 « La diffusion d’images ou de propos attribués à une personnalité décédée, sans mention explicite de l’utilisation d’un outil génératif, constitue une tromperie du public. »

’autorité a rappelé à tous les médias audiovisuels ivoiriens l’obligation de transparence en matière de contenus générés par intelligence artificielle, surtout lorsqu’ils peuvent altérer la perception historique ou manipuler des figures emblématiques.

🧠 IA générative : entre innovation et dérives

L’intelligence artificielle générative (IA), qui permet de simuler des voix, des visages et des discours avec un réalisme saisissant, bouleverse le monde des médias. Dans ce cas précis, l’outil a été utilisé pour faire parler un défunt chef d’État, créant ainsi un contenu fictif présenté sous forme d’interview crédible.

Cela soulève de nombreuses interrogations :

Peut-on faire dire à un homme des choses qu’il n’a jamais dites ?

Où s’arrête l’hommage numérique et où commence la manipulation ?

Quels impacts ces contenus peuvent-ils avoir sur une jeunesse en quête de repères historiques fiables ?

Il ne s’agissait pas ici d’un « deepfake » à visée malveillante, mais d’une reconstitution présentée sans avertissement clair, ce qui, selon la HACA, constitue une faute professionnelle grave.

⚖️ Vers un encadrement légal de l’IA dans les médias ivoiriens ?

Jusqu’à présent, la législation audiovisuelle ivoirienne ne comportait aucun article spécifique sur les contenus générés par IA. Ce vide juridique devient un défi urgent, car les nouvelles technologies avancent plus vite que les textes de loi.

Avec ce premier avertissement, la HACA pose un acte fort : elle affirme sa volonté de prévenir les dérives liées à l’usage de l’IA, en particulier lorsqu’il s’agit de figures historiques dont l’image est sacrée pour une nation.

On peut s’attendre à :

Une réglementation future stricte sur l’usage de la voix et de l’image des personnalités publiques ;

L’instauration d’une obligation de mention explicite dès qu’un contenu est synthétique ou reconstitué ;

Des sanctions plus sévères en cas de récidive ou de mauvaise foi.

🧭 Un précédent inédit dans l’histoire audiovisuelle ivoirienne

C’est la première fois qu’un média en Côte d’Ivoire est interpellé pour avoir utilisé l’intelligence artificielle dans un contexte aussi sensible. Le nom de Félix Houphouët-Boigny est intimement lié à l’histoire de l’indépendance, de la paix et de l’unité nationale. En prêter artificiellement la voix à des propos contemporains sans son consentement — et sans avertissement au public — peut apparaître comme une tentative de réécriture ou d’instrumentalisation mémorielle.

📌 Conclusion : L’IA, une arme à double tranchant

La technologie peut sublimer l’histoire, mais elle peut aussi la trahir. En Côte d’Ivoire comme ailleurs, l’usage de l’intelligence artificielle doit être accompagné d’éthique, deb transparence et de responsabilité. Cette affaire vient rappeler aux médias qu’ils ne peuvent pas tout se permettre, même au nom de l’innovation.

La balle est maintenant dans le camp du législateur : il est urgent de mettre à jour le code de la communication audiovisuelle pour que la vérité et le respect des figures historiques ne soient pas les premières victimes du progrès.

✍️ Timité Lassana
🔗 www.sopaiyamagazine.com
📣 #TimiteSopaiyaMagazine

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