Mali – Russie : Une alliance stratégique en marche pour l’or, l’énergie, l’agriculture et le numérique

Bamako et Moscou tracent les contours d’un partenariat intergouvernemental structuré et ambitieux. Une nouvelle ère de coopération géostratégique s’ouvre entre les deux pays.

🔷 Une rencontre décisive à haute portée stratégique

Le ministre russe du Développement de l’Extrême-Orient et de l’Arctique, Sergueï Tsivilev, et le ministre malien de l’Économie et des Finances, Alousséni Sanou, se sont entretenus dans le cadre de l’approfondissement des relations entre la Fédération de Russie et la République du Mali.
Cette réunion de haut niveau marque une étape majeure dans les relations bilatérales russo-maliennes. À l’issue des discussions, une décision stratégique a été entérinée : la création d’un mécanisme intergouvernemental de coopération commerciale, économique, scientifique et technique.

Cette instance mixte aura pour vocation de piloter, encadrer et accélérer les projets communs, dans une logique gagnant-gagnant, sur fond de repositionnement géopolitique du Mali en dehors des sphères d’influence occidentales traditionnelles.

🔶 Mines, énergie, agriculture : des secteurs vitaux ciblés

🪙 L’or, pilier du partenariat minier

Le Mali, troisième producteur d’or en Afrique, attire depuis plusieurs années les appétits russes.
La frégate de la coopération se renforce autour de l’exploitation des gisements aurifères maliens, avec une participation technique et logistique croissante des sociétés russes dans l’extraction minière. La Russie entend faire valoir son expertise en ingénierie et technologies d’exploration géologique.

🌿 Sécurité alimentaire et fertilisation agricole

Face aux enjeux de souveraineté alimentaire, la partie malienne a clairement exprimé son besoin urgent d’engrais russes, à la fois pour améliorer les rendements agricoles et pour compenser les ruptures d’approvisionnement liées aux sanctions internationales et à la crise ukrainienne.
La Russie, grand producteur d’engrais azotés et phosphatés, se positionne comme un fournisseur stratégique.

🔋 Un virage énergétique ambitieux

Dans le secteur de l’énergie, les discussions ont porté sur le développement des énergies renouvelables (solaire, hydraulique), la construction d’infrastructures hydroélectriques et l’introduction progressive de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.

Le Mali, dont le potentiel hydroélectrique reste sous-exploité, voit dans cette coopération une opportunité historique d’accélérer son électrification rurale, de renforcer la résilience de son réseau et de diversifier ses sources d’approvisionnement énergétique.

🧠 Santé, numérique, cybersécurité : vers une coopération technologique

👩‍⚕️ Un appui structurant pour les systèmes de santé

Outre les infrastructures physiques, la Russie entend contribuer à la formation du personnel médical malien, à travers des partenariats universitaires, des échanges de compétences et l’envoi d’équipements.
La pandémie de Covid-19 avait déjà ouvert la voie à un début de coopération sanitaire (envoi du vaccin Spoutnik V). Les nouvelles discussions s’inscrivent dans une volonté d’enracinement durable.

🖥️ Numérisation et cybersécurité : une souveraineté numérique en chantier

Face aux risques croissants d’espionnage et d’attaques informatiques, le Mali cherche à bâtir une infrastructure numérique sécurisée et autonome.
La Russie propose un accompagnement dans le développement des outils de cybersécurité, la création de centres de données souverains, et la formation de spécialistes en ingénierie logicielle.

La création de ces infrastructures vise à favoriser une gouvernance digitale malienne à l’abri des influences extérieures.

📅 Une commission intergouvernementale pour concrétiser la vision

Les deux parties ont convenu d’organiser dans les meilleurs délais la première réunion de cette commission intergouvernementale.
Ce sera l’occasion de fixer un agenda précis de projets prioritaires, d’identifier les partenaires privés, publics et institutionnels, et d’établir un calendrier de mise en œuvre avec des indicateurs de résultats.

Un réalignement géopolitique assumé

Cette coopération renforcée intervient dans un contexte global où le Mali multiplie les signaux de rupture avec les anciennes puissances coloniales, notamment la France, et où il cherche à s’ouvrir à des puissances alternatives, à l’instar de la Chine, de la Turquie, de l’Iran et bien sûr de la Russie.

Moscou, de son côté, entend consolider son influence en Afrique de l’Ouest à travers des partenariats militaires, mais aussi désormais économiques, technologiques et scientifiques.

✍🏽 Par Timité Lassana

Pour Sopaiya Magazine
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