Moscou relance sa diplomatie au Moyen-Orient : la Russie prête à arbitrer le conflit Iran-Israël

📝 Par Timité Lassana | Sopaiya Magazine
Au moment où le Moyen-Orient est au bord d’un embrasement régional, la Russie s’invite à nouveau dans l’arène diplomatique pour proposer une voie de désescalade. Face à l’escalade militaire entre l’Iran et Israël, le Kremlin a déclaré ce lundi 16 juin 2025 qu’il était prêt à jouer le rôle de médiateur, sur la base de propositions « encore valides », formulées par Vladimir Poutine dans le passé, notamment lors de ses échanges avec Donald Trump.
🕊️ Un plan russe toujours sur la table
Selon Dmitri Peskov, porte-parole de la présidence russe, la diplomatie russe a déjà élaboré un schéma de sortie de crise, incluant :
Une désescalade militaire immédiate sur tous les théâtres d’affrontements directs et indirects (Syrie, Liban-Sud, Irak) ;
La mise en place d’un canal militaire sécurisé entre Téhéran et Tel-Aviv, sous l’égide d’observateurs neutres ;
Un mécanisme de supervision multilatéral du programme nucléaire iranien, pour rassurer Israël sur la non-militarisation des activités nucléaires civiles de l’Iran ;
Et surtout, une conférence régionale élargie pour redéfinir les équilibres sécuritaires au Moyen-Orient.
Ces propositions, selon Peskov, ont été partagées il y a plusieurs années avec les autorités américaines, notamment sous la présidence Trump. Mais elles n’ont jamais été mises en œuvre en raison de l’agenda belliqueux de certaines puissances occidentales et de la méfiance d’Israël à l’égard de toute médiation jugée favorable à l’axe sino-russe.
⚛️ La Russie se dit prête à retirer les excédents nucléaires iraniens
Dans un geste fort, Moscou s’est également dite disposée à retirer les excédents de matières nucléaires de l’Iran, une mesure symbolique mais puissante, qui viserait à prévenir tout dérapage vers l’armement nucléaire.
Cette initiative s’inspire directement des mécanismes de l’accord sur le nucléaire iranien (JCPOA), signé en 2015 puis fragilisé après le retrait unilatéral des États-Unis sous Donald Trump en 2018. La Russie y jouait déjà un rôle technique de supervision, via l’agence Rosatom, pour exporter l’uranium enrichi excédentaire vers son territoire.
⛔️ Une condamnation claire de l’escalade
Plus encore, Dmitri Peskov a dénoncé « les actions provocatrices » ayant conduit à l’escalade actuelle entre Téhéran et Tel-Aviv, sans toutefois désigner explicitement Israël. Ce positionnement s’inscrit dans une rhétorique russe prudente, refusant de condamner directement un allié occidental mais pointant la responsabilité de ceux qui refusent le dialogue.
La Russie appelle ainsi à « un règlement politique et diplomatique immédiat » et se dit prête à accueillir, à Moscou ou ailleurs, les deux parties pour des négociations directes ou indirectes.
🧭 Une diplomatie russe en quête de légitimité globale
Cette offre de médiation n’est pas seulement un acte humanitaire ou pacifique : elle s’inscrit aussi dans une stratégie diplomatique mondiale de la Russie. Dans un contexte où le Kremlin est confronté à un isolement occidental accru depuis la guerre en Ukraine, Moscou entend se repositionner comme puissance d’équilibre sur la scène internationale.
Le Moyen-Orient, région historiquement instable mais stratégique, représente un levier diplomatique central. La Russie y dispose d’atouts concrets :
Une relation étroite avec l’Iran ;
Des canaux ouverts avec Israël (malgré les tensions) ;
Et une coopération avec des puissances comme la Turquie, la Syrie et l’Égypte.
Une alternative à la diplomatie américaine ?
Alors que Washington reste perçu comme un acteur partisan, indéfectiblement aligné sur les intérêts israéliens, Moscou tente de se positionner comme une alternative « neutre » dans la médiation des conflits du Sud global.
Dans les capitales du monde arabe, notamment dans les pays du Golfe, la proposition russe est observée avec un mélange d’intérêt et de prudence. L’idée d’un règlement régional fondé sur le dialogue multipolaire, et non plus sur le diktat américain, gagne du terrain.
📌 En résumé :
La Russie se propose à nouveau comme médiateur entre l’Iran et Israël ;
Elle se dit prête à retirer les excédents nucléaires de Téhéran pour rassurer sur l’usage civil du programme ;
Elle condamne les actions ayant mené à l’escalade militaire, sans désigner un coupable précis ;
Elle veut replacer sa diplomatie au cœur des grands équilibres internationaux, malgré l’hostilité occidentale.