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Yopougon Azito – Un enfant de 14 ans battu à mort par un policier : l’impunité de trop ?

Par Timité Lassana, pour Sopaiya Magazine

Depuis quelques jours, une rumeur virale secoue les réseaux sociaux ivoiriens : un enfant de 14 ans aurait été battu à mort par un policier à Yopougon, dans le sous-quartier d’Azito. Aucune image, aucun témoignage vérifié, aucun article de presse ne vient confirmer cette tragédie. Et pourtant, la nouvelle indigne, révolte, et surtout… elle trouve un écho. Pourquoi ?

Ce n’est peut-être pas l’affaire en elle-même, mais ce qu’elle symbolise, qui fait scandale. Dans une Côte d’Ivoire où la confiance entre populations et forces de sécurité est fragile, cette rumeur trouve un terrain fertile. Elle raconte, à sa manière, une réalité plus vaste : celle d’une fracture sociale qui persiste entre l’uniforme et le citoyen.

Une affaire sans faits… mais pas sans vérité sociale

Les recherches journalistiques sont formelles : aucune source sérieuse n’a rapporté qu’un enfant aurait été tué par un policier à Yopougon Azito. Ni les grandes rédactions d’Abidjan, ni les chaînes de télévision, ni les organisations de défense des droits humains n’ont validé cette histoire.

Et pourtant, sur les réseaux, la colère est là. Les partages se multiplient, les indignations fusent, les appels à la justice s’enchaînent. Pourquoi tant de gens y croient-ils ?

La réponse est simple : parce que, dans la mémoire collective ivoirienne, ce scénario n’est pas invraisemblable. Des bavures policières existent. Des abus de pouvoir aussi. De jeunes garçons brutalisés dans les quartiers dits « chauds », des interpellations musclées qui tournent mal, des dénonciations classées sans suite… tout cela a nourri un climat de méfiance.

Le poids de l’impunité

Si cette affaire est peut-être fictive, la colère qu’elle suscite, elle, est bien réelle. Dans plusieurs zones urbaines, les populations dénoncent régulièrement l’absence de sanctions visibles contre les agents fautifs. Quand un policier agresse, extorque ou humilie, les procédures sont lentes, opaques, voire inexistantes.

L’impunité, ou le sentiment qu’elle existe, est ce qui alimente la défiance. Et dans ce contexte, même une rumeur peut devenir une mèche allumée au milieu d’un baril de frustrations.

Une réforme de la relation police-population est urgente

Il ne s’agit pas ici de jeter l’opprobre sur toute l’institution policière. De nombreux agents accomplissent leur mission avec honneur, parfois au péril de leur vie. Mais ce qui manque encore cruellement, c’est une communication transparente, des procédures disciplinaires publiques, et un mécanisme de plainte accessible aux citoyens ordinaires.

Les autorités doivent prendre la mesure de ce malaise. Tant qu’un jeune Ivoirien craindra plus le commissariat que le voleur de son quartier, la paix sociale restera fragile.

Sopaiya pose la question : à qui profite la rumeur ?

Les rumeurs ont parfois un rôle politique. Elles testent les nerfs de la République. Elles révèlent les brèches dans la confiance publique. Celle-ci, qu’elle soit orchestrée ou spontanée, mérite une réponse.

Pas seulement un démenti sec, mais une réflexion profonde sur le lien entre les forces de l’ordre et les citoyens, sur la façon dont l’État exerce la force, et sur les mécanismes d’écoute et de réparation en cas de faute.

En conclusion : ne pas céder à la peur, mais écouter le signal d’alarme

Le drame d’Azito, s’il n’a pas eu lieu dans les faits, a eu lieu dans les esprits. Et cela suffit pour que la société ivoirienne s’interroge. Comment restaurer la confiance ? Comment prévenir les abus ? Et surtout, comment répondre aux signaux faibles avant qu’ils ne deviennent des cris irréversibles ?

Il ne suffit pas de démentir une rumeur. Il faut la comprendre, pour éviter que demain, elle ne devienne une réalité.

🔺 Sopaiya Magazine continuera de scruter, d’interroger, et de dénoncer. Non pas pour céder au sensationnalisme, mais pour raviver une exigence de justice, de vérité, et de respect mutuel.

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